Diélette > Saint-Malo

Dimanche 13 juin 2021

Nous avons préparé le Spi à l'avant du bateau car la météo prévoit un temps ensoleillé et des vents inférieurs à 10nds. Une longue navigation nous atttend : 60 miles nautiques nous séparent de Saint-Malo, la ville des Corsaires.

Notre choix s'est porté sur le Port des Sablons car il est accessible 24h/24 (pas d'écluse). Nous décidons de partir vers 10h30 de Diélette pour avoir le courant dans le dos le plus longtemps possible. Nous n'arriverons qu'en début de nuit au port, mais ce soir nous dormirons en Bretagne.

10:30 : allumage du moteur, nous quittons les pontons à 10h40. A 10h50, nous envoyons la grand-voile face au vent. Vers 11h nous prenons notre cap à 226°, vitesse 4,3nds, vent SO 5,5nds.

12:50 : envoi du spi et arrêt du moteur. Nous sommes au grand largue. Vers 14h, nous réussissons notre premier virement de bord vent arrière avec spi. La navigation se fera dès lors sous spi et grand-voile jusqu'à 20h00.

15:30 : cap 189°, vitesse 5,1nds, vent NNO 8,7nds : nous croisons la route du "Marygold", un voilier qui remonte au près en traînant un casier derrière lui. Nous faisons signe à l'équipage mais il a déjà compris et finalement ils réussissent à couper la corde. Ils nous appellent ensuite sur le canal VHF 16 pour nous signaler que les résidus du casier (un cordage de 20m de long et sa bouée) dérivent vers nous. Nous appelons à notre tour le canal 16, "Sécurité" pour signaler cet obstacle et sa position GPS pour que tous les autres navigateurs du coin en soient informés.

16:50 : cap 201°, vitesse 5,8nds, vent NNO 8,8nds, nous frôlons l'île de Jersey, naviguant un peu au-delà de la frontière avec les eaux anglaises afin rester à la bonne allure.

20:00 : cap 230°, vitesse 3,2, vent NE 17nds : le vent a graduellement forci depuis le début de l'après-midi, passant du NNO au NE. Nous affalons le spi et allumons le moteur. Une heure plus tard, le vent atteint 5 sur l'échelle de Beaufort (18nds). Après un empannage spontané de la grand-voile nous décidons de l'affaler. Nous ne sommes plus très loin de Saint-Malo.

Les "cailloux" et les casiers se font plus nombreux. Les hauts fonds ne sont plus de sable mais de rochers. Ils forment ce que les cartent désignent comme des "îles" mais on ne les voit pas : elles sont tout juste immergées à marée haute. Nous passons entre les (vraies) îles Chausey et le plateau des Minquiers afin de rejoindre le chenal de Saint-Malo.

La lune s'est levée. Nous passons les feux de Saint-Malo. Le soleil qui s'est couché vers 22h, embrase encore le ciel de mille feux, donnant un éclairage irréel au paysage. Nous profitons un peu de la magie de la navigation de nuit.

Au loin, la ville de Saint-Malo nous apparaît, irréelle, à peine ébauchée sur l'horizon et nimbée des feux de la nuit.

eSCALE à Saint-Malo

Le port des Sablons de Saint-Malo est un beau et grand port de plaisance. Attention si vous avez un quillard : il y a un seuil à l'entrée de 2m au-dessus du niveau 0. Les 50 places dédiées aux visiteurs sont celles qui se trouvent au premier ponton en arrivant juste à côté de l'entrée du port. La marina possède en outre deux mises à l'eau. Le chenal d'entrée du port est relativement étroit, coincé contre une gare de ferries et très fréquenté par les plaisanciers. De plus, la houle à marée haute y est très importante surtout par vent venant du nord et nous avons été très secoués. La situation n'est donc pas idéale si l'on cherche le calme.

On peut s'avitailler dans la petite ville de Saint-Servan-sur-Mer, qui est à 10 minutes à pied du port par la digue qui traverse les ports à sec et longe la plage des Bas-Sablons. Vous y trouverez un marché couvert dans des halles les mardis et vendredis matins et de nombreux commerces, dont un petit Carrefour City. Nombreuses boulangeries.

Il y a un autre port à Saint-Malo, qui se trouve entre la cité et le port de commerce, c'est le bassin Vauban. Ce très beau port de plaisance, rénové il y a 5 ans, a l'avantage d'être juste à côté de la ville fortifiée. Le gros problème est qu'il se trouve derrière une écluse qui n'est pas du tout aménagée pour la plaisance (écluse de la Naye).

Le petite cité d'Alet, juste à côté du port, offre l'occasion d'une belle balade par le chemin qui prolonge le brise-flot du port des Sablons, contourne la presqu'île d'Alet, surplombe l'estuaire de la Rance et rejoint la Tour Solidor et le joli petit port d'échouage juste à côté. Laissez-vous tenter à mangez une crêpe ou une galette dans une des crêperies du port. Longez ensuite la plage et remontez dans la ville pour traverser le Parc des Corbières et redescendre vers la rivière à la rencontre d'un fameux héros de guerre remis à neuf dans les années '90 par une bande de passionnés et exposé au regard des promeneurs dans sa cale : le dundee AR ZENITH.

La cité de Saint-Malo a été presque entièrement détruite lors de la dernière guerre mondiale. Elle a été reconstruite à l'identique et ce n'est pas seulement pour ses remparts impressionnants qu'elle vaut le détour, même si la vue superbe qu'ils nous offrent sur la baie est déjà à couper le souffle.

Devant la Cité se dressent de nombreux ilots sur lesquels le génial architecte royal Vauban a exercé ses talents : Fort National (1689). Fort du Grand Bé (tombe de Chateaubriand, né et mort à Saint-Malo), Fort du Petit Bé, Fort de la Conchée... C'est qu'il fallait la défendre, cette cité de corsaires qui, doit-on le rappeler, étaient des pirates au service de Sa Majesté le Roi de France. Le plus célèbre d'entre eux, Surcouf, a sa statue sur les remparts de la ville qui l'a vu naître. Son doigt pointe la direction de l'Angleterre : les éternels ennemis.