Gérer le froid
Quand on navigue entre les 47ème et 67ème parallèles (de la Bretagne au milieu de la Norvège), on doit s'attendre à avoir froid, même en plein été. Le soleil est là mais les nuits peuvent être fraiches. Pouvoir sécher les vestes et salopettes est aussi un must. A notre port d'attache on a bien une prise de quai pour qu'on puisse brancher notre petit radiateur soufflant de 1.000W mais ça ne réchauffe qu'une partie du bateau et on doit le laisser branché sur le 220 non-stop. Mais c'est incompatible avec le nomadisme. Quant à notre équipement vestimentaire pour la navigation il était basique ; on a beau mettre couche sur couche, le froid s'infiltre toujours même en plein été et la nuit on sent la température dégringoler en flèche à mesure que le soleil disparait. On avait déjà mangé un bon cassoulet à 4 heures du matin en plein milieu de la Manche pour se réchauffer...
Pour combattre le froid on a donc travaillé deux aspects :
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1. Le chauffage du bateau
Pour chauffer un bateau il y a plusieurs choix et nous n'avons retenu que 2 options qui nous conviendraient :
- le système de chauffage à air pulsé (Webasto est leader dans le genre)
- le système à eau chaude dans les radiateurs (Eberspächer)
On avait déjà connu le Webasto sur Octopussy (notre Feeling 326). On n'avait qu'une sortie dans le carré mais ça chauffait plutôt bien. Par contre, dès qu'on avait atteint la température souhaitée, ça redescendait aussi sec. Et puis le bruit était vraiment trop présent. Enfin on aurait dû passer de gosses gaines dans tous les coffres, réduisant beaucoup l'espace de rangement.
Bref, on a opté pour la solution Eberspächer, légèrement plus chère que la Webasto mais là on a franchement senti la différence : chaleur douce et homogène, pas de bruit dans le carré (juste un peu dans la cabine arrière quand la chaudière se met en route), des tuyaux fins (3 cm de ∅) qui passent facilement au bas des coffres, des thermostats et des boutons 3 positions pour la diffusion de l'air pour chaque radiateur. Pour l'installation, voilà le schéma :
On a donc du chauffage dans tout le bateau avec 1 grand radiateur pour le carré (placé dans le coffre sous la banquette tribord) et 3 petits dans les cabines et la salle de bain. La cabine avant servira plutôt de cellier pour le voyage et on désactivera son radiateur.
On n'est pas tout à fait autonome ; la chaudière pompe le gazole de la cuve. On verra à l'usage si on installe une cuve de fuel (du rouge) dédiée au chauffage.
Côté technique :
- 1 Chaudière Hydronic D5WSC
- 1 aérotherme Helios 4000W avec interrupteur 2 vitesses (et arrêt)
- 3 aérothermes Helios 2000W avec interrupteurs 2 vitesses (et arrêt)
- 3 thermostats
- tuyaux, raccords, câblage électrique, etc.
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2. Réchauffement corporel
En vrac pour le réchauffement corporel on a :
♦ la possibilité de se mettre sous la couette, ou cocooning dans le carré : technique très efficace et notre préférée pendant les mouillages mais à éviter d’office en navigation ; besoin d’aucun équipement particulier (de mon point de vue).
♦ une soupe bouillante ou un plat qui sort du four ; toujours possible et très réconfortant mais la chaleur va se dissiper très vite. On vous conseille le cassoulet en pleine nuit, au moment où on commence à avoir du mal à rester attentif. On gagne au moins 2 heures de sommeil et c’est revigorant à souhait. Le rhum (même le meilleur planteur) est à déconseiller - c'est une légende marine directement sortie de l'Île au Trésor.
♦ Prendre une douche avec de l’eau chaude. C’est un luxe qu’on peut se permettre. J’entends déjà les puristes « oui, de notre temps on avait encore de la chance de pouvoir prendre une douche froide ». Le truc c’est qu’on a un ballon d’eau, froide au départ, mais chauffée quand on allume le moteur pour manœuvrer sur un mouillage ou dans un port. Si on ne prend pas de douche c’est de l’eau chaude perdue, alors autant l’utiliser.
♦ S’habiller en conséquence. C’est un sujet essentiel et on a aujourd’hui, avec les techniques et équipements modernes, les moyens de réduire drastiquement l’impact du froid sur nos délicates carcasses humaines. Cet équipement a un coût mais il permet de repousser les limites, donc d’aller plus loin dans les meilleures conditions. J’ai détaillé le choix de notre équipement personnel dans un chapitre qui lui est dédié : oublier l’eau et le froid
En plus du chauffage, les équipements qu’on a à disposition pour lutter contre le froid sont :
♦ Une couette hiver dans notre cabine (on a une couette été qu’on peut ajouter au besoin).
♦ Un Réchaud/Four au gaz 2 feux de série des O34 et une bombones de gaz de réserve.
♦ Un système de chauffage-eau QUICK Nautic Boiler B3 de 25 litres. Ce système de boiler identique à celui des camping car est monté de série. Attention toutefois à la résistance qui peu claquer facilement sur notre type de bateau (j’ai déjà dû la remplacer). En effet nous avons 2 réservoirs d’eau ; au moment de la bascule de l’un sur l’autre et si le boiler est branché la résistance peut être temporairement à sec (et donc être endommagée). J'ai toujours une résistance de réserve au cas où.
Cette année je vais installer un voyant de charge du boiler sur la résistance (qui s’éteint quand la température est atteinte). J'ai aussi prévu de placer une vanne 3 voies pour basculer d'une cuve à l'autre sans avoir à ouvrir le coffre. Ce n'est actuellement pas du tout pratique (montage de série sur Oceanis) : on doit enlever 2 des banquettes, ouvrir le coffre, fermer la vanne de la cuve vide et ouvrir celle de la pleine (voir la photo ci-contre). Selon moi, quand on a 2 (ou 3) entrées et une sortie, le bon sens voudrait qu'on installe une vanne 3 voies (ou 4)...