Vers l'autonomie énergétique
Autonomie, vous avez dit autonomie ?
J’en ai pris conscience en revenant d’une superbe sortie en solo au large de Dunkerque sur mon Octopussy ; je n’avais plus de son et plus d’image sur les instruments et le moteur ne voulait plus redémarrer. Faire une entrée rien qu’à la voile dans l’estacade, passe encore, mais manœuvrer pour rejoindre mon emplacement... J'ai appliqué la technique de remorquage et lâché pour une manœuvre d’appontage sur mon aire. Chaud devant !
Et qui m'a remorqué jusqu'au port ? Un très aimable voisin de ponton et futur premier propriétaire de Flóki ! Il n'y a donc pas de hasard.
On avait donc déjà travaillé le sujet brulant de l’autonomie énergétique à bord et voici comment on y a répondu en quatre points :
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1. Relooking des batteries
Encore issues du standard de série pour les Oceanis les batteries ont un air faiblard si on souhaite aller loin. En fait, le parc a été taillé pour les sorties à la journée :
- Servitude : 2 batteries 70Ah basiques au plomb
- Moteur : 1 batterie de démarrage 50Ah tout aussi basique
L’âge aidant (10 ans), deux d’entre elles étaient quasi nazes. On a donc effectué un relooking complet avec un parc plus puissant (+ 78% pour les servitudes) :
- Servitude : 2 batteries AGM LUCAS 12 V 125 Ah
- Moteur : 1 batterie AGM LUCAS 12 V 85 Ah
Avec 250Ah ce n’est pas exceptionnel mais suffisant pour notre programme. Si on doit un jour passer de l’autre côté de l’océan il sera toujours temps de compléter le parc.
En attendant, on a senti nettement la différence à notre dernière croisière (écourtée à cause de la tempête Miguel) : la pile à combustible est restée sagement en veille pendant les 10 heures de navigation alors qu’elle se réveillait au bout d’une heure ou deux avec l’ancien parc.
On a investi dans un moniteur du parc pour pouvoir observer, mesurer et prévoir les consommations des différents appareils et mieux gérer nos gros et petits consommateurs. Le modèle BMV-172 de Victron Energy est parfait : j'ai pu enregistrer et analyser les flux de courant depuis mon smartphone.
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2. Une énergie pile-poil dans nos cordes
Depuis ce moment, j’ai investi dans une pile à combustible. Ah, ce n’est pas très répandu (assez cher d’ailleurs) et j’ai été pris pour un original à l’époque dans la marina, et même la risée de certains accros des eoliennes (vous avez sans doute déjà entendu un "fissssshhhhhhhh"exaspérant au-dessus des bateaux qui en sont équipés. La pile est pourtant un système qui a été adopté depuis longtemps par la NASA pour les voyages lunaires. De nombreux concurrents de la Mini-Transat ne peuvent plus s’en passer. De mon point de vue, c'est une ressource énergétique de tout premier choix :
♦ Pas besoin d’allumer quoi que ce soit : dès que le niveau des batteries passe au-dessous du seuil, elle se met en route et les recharge. J’ai branché ma pile directement sur les batteries de servitude.
♦ La technique est ultra simple : la pile fonctionne au méthanol (alcool de bois) qu’elle « brûle » pour générer du courant. Il faut compter un litre pour 24 heures de recharge non-stop. Ça débite dans les 100Ah par jour, donc ça m’étonnerait qu’on doive dépasser les 6 heures de recharge journalières.
♦ Comparativement, pour le même rendement, il faudrait monter au moins 2 panneaux solaires de 150Wc à pleine puissance d’ensoleillement, relativement utopique dans les contrées nordiques. En effet, le soleil n’est pas toujours présent et l’éolienne a ses limites en navigation. Ma pile fonctionne à l’aveugle et cachée dans le coffre depuis une dizaine d’années. C'est déjà notre chargeur principal en mer.
Les avantages sont nombreux
- Puissance délivrée constante et indépendante des conditions climatiques (soit 1200 Wh/jour)
- C’est très silencieux – on a mis la pile dans le coffre avec ses petites réserves de méthanol
- Ça s’installe très facilement
- C’est sans entretien (je suis loin d’avoir atteint les 3.000 heures de fonctionnement)
- Ça très peu polluant ; la pile émet autant de CO² qu’un équipier qui serait en apnée les 3/4 du temps et un peu d’eau. Bon d’accord on émet quand même du CO².
MAIS, et c’est le seul inconvénient, l’investissement est important (entre 2.500 et 5.000 € la pile), et le litre d’alcool coûte environ 5 €. Le prix du confort (et de l’esthétique) de nos bateaux à un prix, j’ai choisi cette option.
On est équipés avec une Efoy 1200 :
- Capacité de charge : 1200 Wh/jour soit 100 Ah/jour
- Tension nominale : 12 V
- Consommation de Méthanol : 0,9 L / kWh
- 1,3 L / 100 Ah
- Niveau sonore à 1 m : 39 dB (A)
- Poids : 7,4 kg
- Dimensions en cm : 43,5 x 20 x 27,6
Notre retour d’expérience ? Un sans-faute : le pilote et les instruments restent opérationnels pendant plus de 24 heures de navigation. Sur toute la croisière de 2021 on a dépensé moins environ 8 litres de méthanol (mais avec assez peu de mouillages). A suivre en 2022...
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3. Un à deux panneaux solaires d’appoint
Et si notre chargeur principal (une pile à combustible) claquait d’un coup ou qu’on soit à cours de méthanol. Il y a bien le moteur et son alternateur mais on ne devrait qu'en dernier recours.
De plus on ne devrait pas dépenser grand-chose au mouillage ce qui me fait dire qu’un panneau solaire d’appoint serait le bienvenu ; on aurait alors de l’énergie gratuite le temps de faire escale un jour ou deux.
On a donc choisi, pour notre première croisière de 2021, le panneau iGreen 150Wc souple. L’idée était de le mettre au-dessus de la capote, et c'est une option idéale. On a pu le laisser en navigation et le ranger facilement dans la cabine avant sau besoin. Sa structure n’est pas fragile (il y en a qui marchent dessus) et les capteurs ont un des meilleurs rendements (21%). « Opti-mystiquement » on pourrait obtenir 600 à 800W / jour soit une soixantaine d’ampères. Dans la réalité ce n'est pas tout à fait le cas et on se situe autout des 2-3 Ampères heures par beau temps (soit une trentaine par jour).
Grâce à ce panneau seul on a dû utiliser la pile à combistible une seule fois en navigation et deux nuits au mouillage (temps couvert...). C'est très bien mais pas tout à fait optimal.
Pour 2022 on équipe Flóki d'un second panneau solaire 130W avec un rendement de 24%. Il est pliable et on peut facilement l'orienter cour capter un maximum de lux. Les tests préliminaires sont impressionnants : couché dans le cockpit par temps très couvert il dégage déjà 0,6 A. Pour le rangement c'est vraiment parfait. On le replie sur lui même et on peut alors le transporter et lui trouver une place très facilement. Gain en énergie, orientable, portabilité, et facile à ranger. -
Pour le branchement des deux panneaux j'ai opté pour un montage en parallèle pour que les intensités de charge s'ajoutent et pallier au manque de soleil sur l'un des panneaux. Si vous devez faire la même chose, n'oubliez pas de vérifier que vos panneaux sont bien équipés de diodes anti-retour (au risque de griller l'un des deux).
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4. Rester au courant
En 2021 on avait revu toute l’installation des ampoules depuis le carré jusqu’en tête de mât (feux de navigation). On a chassé tous les halogènes et on les a remplacés par des LED 2W (équivalent 20W). On a pu diminuer par 2,5 la consommation électrique des seuls plafonniers. Pour monter les LED dans les lampes latérales orientables j’ai dû déformer un peu le déflecteur (les ampoules LED sont un peu plus joufflues). Tout fonctionne parfaitement et on a gagné en luminosité. Ça n’a l’air de rien mais un soir de mouillage avec 4 lampes allumées pendant 5 heures en moyenne représente 100W, nos LED c’est juste 40W. Quant aux feux de mouillage qui restent allumés 10 heures on ne dépense que 12W contre 250W avec l’ancien.
Ne rêvons pas, nos panneaux solaires, déjà occupés à compenser la décharge liée aux éclairages, au groupe froid et (surtout) au GPS traceur /AIS qui reste allumé au mouillage pour nous alerter en cas de dérapage ne décrochage ne nous donneront pas assez d'énergie pour pouvoir allumer le PC, charger les téléphones, tablettes et enceinte Bluetooth, encore moins pour regarder un film sur notre petite télé (on embarque notre filmothèque). L'an dernier, le seul panneau 150W n'était vraiment pas suffisant. On verra cette année avec le second en plus.
On avait déjà installé un convertisseur 12V -> 220V qui délivre un vrai signal sinusoïdal (c’est quand même mieux pour nos petits appareils). Là encore pas de question à se poser pour le fournisseur. On prend de l’éprouvé, même si ça coûte un peu plus cher que les sous-sous-marques fabriquées un peu loin selon des normes un peu floues.
L’inverseur 12/375 230 V de Victron Energy devrait être amplement suffisant ; on ne va pas y brancher un radiateur. On a testé pendant notre croisière en 2021, c'est juste ce qu'il nous fallait.
Deux nouveaux équipements complémentaire pour 2022 :
Une banque de puissance : Pour nos deux téléphones et la tablette on a opté pour une autre ype de matériel complémentaire : un "power-bank" qui nous permettra de recharger ces petits gourmands au mouillage. Le modèle qu'on a choisi peut délivrer 26800mAh. En plus il est équipé de 4 petits anneaux solaires, 3 sorties USB C avec charge Rapide pour smartphones et d'une lampe assez puissante. Les panneaux solaires c'est vraiment pour les urgences. On devrait pouvoir le recharger dans les ports et compter alors sur 2-3 recharges de téléphone.
Passage aux piles rechargeables : notre VHF portable, les lampes torche, notre petite station météo, les jumelles de nuit (entre autres) fonctionnaient avec des piles classiques. On les a donc remplacées par des piles rechargeables (piles AA 2800mAh et AAA 1100mAh). Le chargeur peut accueillir 8 piles de deux types en même temps. Et si on est vraiment à court le Power-bank peut envoyer du courant au chargeur de piles.